“Boss”, mafieux, malin et méchant

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Après la sanguinolente Spartacus, la chaîne câblée Starz, dirigée par l’ancien patron d’HBO Chris Albrecht (c’est lui qui a lancé des séries comme Les Soprano ou Six Feet Under revient à la raison. Et avec maestria. Portée par Kelsey Grammer, star du petit écran outre-Atlantique depuis Cheers, Boss est une des nouveautés les plus convaincantes de cette rentrée américaine – seule Homeland pourrait lui contester le titre de meilleur drame.

On y suit Tom Kane (Grammer), puissant maire de Chicago, qui apprend dès les premiers instants de la série – dans une remarquable scène en plan fixe – qu’il est atteint d’une maladie dégénérative, mélange d’Alzheimer et de Parkinson. Il va tout mettre en œuvre pour entretenir son pouvoir, coûte que coûte.

Réalisé par Gus Van Sant, qui a la subtilité et le talent de ne pas trop en faire – tout en soignant ses très gros plans et quelques ralentis, dont une scène de sexe hyper stylisée – ce premier épisode est d’une rare qualité. Visuellement irréprochable – la photo est elle aussi très belle – il nous projette au cœur de la mairie, au plus près de son héros, monstre politique et monstre tout court, figure mafieuse, violente, avide, dont les failles physiques et psychologiques sont immédiatement perceptibles. Le monde du maire Kane est effrayant de bout en bout : mépris, manigances, menaces, mensonges… La politique, selon ce pilote de Boss, est terrifiante.

Pour peu qu’on la considère comme une simple tragédie mafieuse, on passe volontiers sur les personnages secondaires pour l’instant caricaturaux (notamment la secrétaire de Kane, fantasme érotique avec hauts talons et petites lunettes) et un goût de la dramatisation extrême. Si Boss entend être une pure série de genre, elle peut se permettre d’en faire des tonnes, y compris dans ses dialogues parfois un peu chargés. Si la série a l’ambition de dépasser les limites de la tragédie mafieuse, il lui faudra en revanche, affiner sa vision de la politique. Son « tous pourris » frontal, adapté à une ville de comic books, ne l’est franchement pas dans le monde réel, où malgré la corruption, le mensonge et les ambitions, on espère qu’il demeure quelques honnêtes serviteurs du peuple…

Quoi qu’il en soit, Boss s’impose dès cette première heure comme un drame puissant, consacre Grammer comme acteur dramatique, et valide le passage à la télé de Gus Van Sant. On espère que les réalisateurs qui lui succèderont sauront faire honneur à ce pilote.

source: television télérama

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